jeudi 29 janvier 2015

Pensez différemment : la dette, c'est de l’épargne à l’envers !


Imaginez que vous gériez votre patrimoine comme le fait une entreprise qui, elle, a en permanence une vision "actif-passif" des choses*. 
Autrement dit, son développement ne se fait que très rarement sur fonds propres mais essentiellement par le concours extérieur : banques, investisseurs privés, actionnaires fondateurs, émissions de titres ou obligations, apports en comptes courants... l’usage des fonds propres ne se faisant qu'en dernier ressort. A l'inverse du particulier qui, lui, se fie à des adages aussi anciens que fallacieux comme «Qui paye ses dettes s’enrichit» ou « Moins j’ai de dettes, mieux je me porte ». Cette attitude l’amène à privilégier le remboursement par anticipation et préférer un petit crédit avec un gros apport plutôt que le contraire. Mais le particulier a-t-il envisagé de façon précise la réponse aux questions suivantes: « Que représente mon acquisition dans mon patrimoine existant et futur ? » ; « Combien de temps vais-je le conserver ? » ; « Ai-je besoin de trésorerie pour d’autres projets ? » ;  « Comment vont évoluer mes flux de trésorerie dans les 10, 20, 30 prochaines années ? » ; « Quels sont mes objectifs de vie et de confort réels ? »...
Le constat est d’autant plus accablant que le banquier ne posera que très rarement ce type de questions qui induisent de façon directe ou indirecte aussi bien le déclenchement du prêt que ses modalités. Et pourtant, une telle approche pourrait remettre en cause la pertinence de l’opération et pourrait changer radicalement la façon de financer. Ainsi, trop souvent, l’investisseur s’engage sur 10, 15, 20 voire 30 ans avec comme seule question stratégique : " Ai-je aujourd'hui les moyens  d’emprunter ? " Ceci, parce qu’il a une mauvaise définition du crédit - voire un priori négatif - et plus généralement une méconnaissance des techniques de l'emprunt et de son effet de levier sur la valorisation du patrimoine. Au lieu de considérer la dette comme une charge et non un outil d’aide à la création de richesse, le particulier doit prendre conscience que la dette n'est rien d'autre que de l’épargne à l’envers ! En somme, un actif qui ne nous appartient pas. Retenez ces chiffres, ils sont édifiants : la durée moyenne d’un prêt est de 22 ans alors que la durée moyenne de conservation du bien est de 7 ans. Cela revient à dire que la dette ne sert quasiment plus à rembourser mais à porter, l’investisseur empilant des strates de crédits les unes sur les autres sans aucune stratégie d’investissement ! En conclusion, il faut avoir une stratégie de gestion de ses flux financiers issus des différents engagements de manière globale. Ainsi, il n'y a pas de gestion patrimoniale globale sans gestion globale de la dette.

*avec l'aimable concours d'Euclide

lundi 12 janvier 2015

Retraites complémentaires : la faillite, c'est demain ?

Nous tenions à vous informer d’un rapport 
de la Cour des comptes, qui sonne l'alarme 
concernant les retraites complémentaires 
du privé et préconise un allongement de deux 
ans de la durée du travail. Le régime de 
retraite complémentaire des cadres, l'Agirc, 
en possible cessation de paiement d'ici fin 
2017, c'est-à-dire demain. Celui des non-cadres, 
l'Arcco, lui aussi menacé à brève échéance... 
Voilà deux des constats chocs de la Cour des 
comptes. Elle a pour la première fois décidé 
de consacrer à l'avenir des retraites 
complémentaires des salariés du privé.
Les enjeux sont colossaux.
Après dix années de bonne santé financière, les déficits s'accumulent tant depuis 2009 qu'à 
court terme, quel que soit le scénario retenu, « l'épuisement des réserves à échéance 
rapprochée » semble inéluctable. Pour les 18 millions de salariés concernés (Arcco) et, surtout 
les 4 millions de cadres, cette prédiction est d'autant plus inquiétante que la part 
complémentaire de leur pension avoisine souvent 30 % ou 50 %, voire davantage de leur 
retraite globale... Non seulement, estime la Cour dans ce rapport confidentiel, il faut prendre 
des mesures d'urgence (notamment en demandant un nouvel effort aux cadres et en 
réformant la gestion des caisses), mais il faut aussi faire sauter le verrou symbolique d'un 
nouveau recul de l'âge du départ à la retraite. C'est écrit noir sur blanc : " La Cour envisage 
comme solution un recul de l'âge moyen de départ à la retraite de deux années, obtenu - 
comme cela est précisé en note de bas - par un recul d'autant des âges légaux de départ à la 
retraite ». Autrement dit, celui-ci étant fixé actuellement à 62 ans, il faudrait alors travailler 
jusqu'à 64 ans pour pouvoir déclencher ses droits à la retraite complémentaire.
Une piste de réflexion qui réjouira le Medef mais irritera fortement les syndicats. D'autant 
plus que ceux-ci pourraient y voir un  cheval de Troie annonciateur d'une pareille tentative 
de réforme concernant le régime de base...