Imaginez que vous gériez votre patrimoine comme le fait une entreprise qui, elle, a en permanence une vision "actif-passif" des choses*.
Autrement dit, son développement ne se fait que très rarement sur fonds
propres mais essentiellement par le concours extérieur : banques, investisseurs privés, actionnaires fondateurs, émissions
de titres ou obligations, apports en comptes courants... l’usage
des fonds propres ne se faisant qu'en dernier ressort. A l'inverse du particulier qui, lui, se fie à des adages aussi anciens que fallacieux comme «Qui paye ses dettes s’enrichit» ou « Moins
j’ai de dettes, mieux je me porte ». Cette attitude l’amène à privilégier le remboursement
par anticipation et préférer un petit crédit avec un gros apport plutôt que le contraire. Mais le particulier a-t-il envisagé de façon précise la réponse aux
questions suivantes: « Que représente mon acquisition dans mon patrimoine
existant et futur ? » ; « Combien de temps vais-je le conserver ? » ; « Ai-je
besoin de trésorerie pour d’autres projets ? » ; « Comment vont évoluer mes flux de trésorerie dans les 10, 20, 30
prochaines années ? » ; « Quels sont mes objectifs
de vie et de confort réels ? »...
Le constat est d’autant plus accablant que le banquier ne posera que
très rarement ce type de questions qui induisent de façon directe ou
indirecte aussi bien le déclenchement du prêt que ses modalités. Et pourtant,
une telle approche pourrait remettre en cause la pertinence de l’opération et
pourrait changer radicalement la façon de financer. Ainsi, trop souvent, l’investisseur s’engage sur 10, 15, 20 voire 30 ans avec
comme seule question stratégique : " Ai-je aujourd'hui les moyens d’emprunter
? " Ceci, parce qu’il a une mauvaise définition du crédit - voire un priori négatif - et plus généralement une méconnaissance des techniques de l'emprunt et de son effet de levier sur la valorisation du patrimoine. Au lieu de considérer la dette comme une charge et non un outil d’aide à la création de richesse, le particulier doit prendre conscience que la dette n'est rien d'autre que de l’épargne à
l’envers ! En somme, un actif qui ne nous appartient pas. Retenez ces chiffres, ils sont édifiants : la durée moyenne d’un prêt
est de 22 ans alors que la durée moyenne de conservation du bien est de 7 ans. Cela revient à dire que la dette ne sert quasiment plus à rembourser mais à porter, l’investisseur empilant des strates de crédits les unes sur les autres
sans aucune stratégie d’investissement ! En conclusion, il faut avoir une stratégie de gestion de ses flux
financiers issus des différents engagements de manière globale. Ainsi, il n'y a pas de gestion patrimoniale globale sans gestion globale de la dette.
*avec l'aimable concours d'Euclide
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