Investir
en actions, surtout en période baissière, est une stratégie certes rémunératrice sur le long
terme mais présente certains risques car les actions ont des hauts et des bas. Cependant,
pour réduire ces risques, on peut réaliser des investissements programmés. On
pourra par exemple investir mensuellement ou trimestriellement la même somme
sur un « tracker » (un portefeuille qui restitue la composition d’un
indice boursier. Pour tester l’avantage de cette méthode,
nous vous proposons de voir d’abord ce que cette méthode aurait donné pendant
la crise de 1929, puis sur les 15 dernières années et enfin sur des exemples
théoriques.
L’investissement programmé a grandement
réduit l’impact du Krach de 1929 En
premier lieu, analysons l’évolution des actions américaines entre 1920 et 1955.
On peut observer qu’entre janvier 1920 et septembre
1929, la bourse a été multipliée par 4,25 soit 16% par an pendant 10 ans tout
de même. Puis la bourse a perdu 84% de sa valeur en moins de 3 ans. Le sommet
de 1929 n’a été atteint à nouveau qu’en août 1951 soit 30 ans plus tard.
Cela étant, il ne faut pas non plus être trop
extrémiste. Les épargnants n’étaient pas obligés de tout investir en une fois
en septembre 1929 ! Par exemple, en ayant tout investi en une fois en
janvier 1928, on serait arrivé à un niveau équivalent à l’été 1936 soit
« seulement » 7 ans après.
Par ailleurs, il faut regarder cette évolution en
pouvoir d’achat. Et si la prise en compte de l’inflation fait en général
baisser les rendements, ce n’est pas le cas ici. En effet, les États-Unis
étaient dans une période de déflation. Par exemple, fin 1936 l’indice dividende
réinvesti avait perdu 37% en valeur, mais la perte en pouvoir d’achat n’était
« que de 20% ».
Mais que s’est-il passé pour les épargnants qui
auraient investi 100 $ (en monnaie constante) mensuellement pendant 10
ans, soit en tout 12 000 $ ? Ils auraient donné 30 000 $. Et sur
1930 à 1939, tout de même pratiquement 15 000 $. Pas si mal alors que cet
épargnant a subi la crise de 29 de plein fouet ! En fait, il a acheté en
pleine baisse, mais bas et a fini par avoir un résultat positif.
Regardons sur une période plus longue, soit 25 ans. On
peut emprunter pour un appartement sur 25 ans, alors pourquoi ne pas investir
en actions sur une telle période ? Les 30 000 $ investis sont devenus
42 255 $ entre 1920 et 1944, et 69 310 $ entre 1930 et 1954. Comme
vous le voyez, il a mieux fallu commencer par une baisse que par une hausse.
Cela permet d’acheter moins cher les actions. Par exemple, pendant la crise
certes la bourse a dévissé de plus de 80%, mais les dividendes on seulement été
divisés par deux. Vous avez donc acheté le même dividende nettement moins cher.
D’ailleurs, cet article aurait très bien pu
s’intituler « Chouette ! Un krach boursier … ».
Il y a tout de même un bémol. Pendant cette grave
crise, il y a des chances que l’épargnant ait perdu son travail ou au moins que
les revenus de son travail aient fortement baissé. L’épargnant aura donc eu du
mail à investir mécaniquement la même somme tous les mois. En fait, quand la
bourse chute, il y a souvent une crise économique et il n’est pas si évident
d’investir. Mais si l’investissement en actions était facile, les actions
américaines n’auraient pas eu une performance de 6,5% par an, net d’inflation,
sur plus d’un siècle.
Avant de passer à la suite, il faut souligner qu’un
épargnant averti aura certainement diversifié son patrimoine avec des
obligations. Aujourd’hui, il peut même investir mondialement grâce à un ETF
Monde en quelques clics. Tout cela permet de réduire son risque.
L’investissement programmé depuis 2000 a aussi très
bien performé
Regardons maintenant ce qui s’est passé depuis 2000.
Sur cette période, la bourse n’a pas été florissante, c’est le moins que l’on
puisse dire. Voilà pour quelques indices, dividendes nets réinvestis, donc
assez proches du retour d’un tracker, les retours annualisés (bruts
d’inflation) :
- Europe : 2% - France :
1% - Allemagne : 2,4% - Japon : 0,6% -
Etats-Unis : 3% - Monde développé : 2,6% - Brésil :
4,5% - Émergents : 7%
En voyant ces chiffres, il faut faire une première
remarque. On entend souvent que les places financières sont hautement
corrélées. C’est vrai si l’on regarde les corrélations selon la façon dont
elles sont calculées en général, c’est-à-dire en regardant le court terme.
C’est complètement faux si on regarde à moyen terme. C’est pourtant cela qui
importe l’épargnant.
Mais revenons à l’investissement programmé. En
investissant sur l’Europe, les 18 200 € investis sur la durée seraient devenus
27 300 €, soit un gain de 50%. Alors que l’indice n’a pris que 35%. Même
chose pour le Japon, l’indice a augmenté de 10% (sur la totalité des 15 ans et
non par an), mais l’investissement mensuel aurait fait +43% !
Cependant ça ne marche pas à tous les coups. Les
émergents ont eu une belle performance et l’indice a été multiplié par
2,8 ; en revanche un investissement progressif n’aurait multiplié votre
épargne « que » par 1,6.
L’investissement programmé fonctionne mieux quand les
actions commencent par baisser et si possible fortement
Pour bien comprendre, prenons des exemples théoriques,
mais parlants. Tous les indices ci-dessous ont une performance de 4,4%
annualisée sur 30 ans, soit X 3,6. Cependant, ces types d’investissement ont
des différences :
- Le n° 1 commence par augmenter puis
baisse ;
- Le n° 2 commence par baisser puis
augmente ;
- Le n° 3 commence par augmenter puis
baisse, mais de façon plus forte que le n° 1 ;
- Le n° 4 commence par baisser puis augmente, mais de
façon plus forte que le n° 2.
Les résultats de l’investissement programmé sont les
suivants :
- Investissement 1 : X1,47
- Investissement
2 : X3,3
- Investissement 3 :
X1,13
- Investissement 4 : X6,54
On voit bien que l’investissement programmé est une
réelle opportunité. Il limite de toutes les façons les risques et en plus il
est un potentiel de gain énorme lorsque les bourses baissent drastiquement.
Mais les bourses remontent par la suite, c’est ce que l’on appelle le principe
de retour à la moyenne. L’investissement 4 correspond à une baisse d’à peu près
10% par an pendant 15 ans et une hausse de 20% par an les années suivantes. Le
rendement moyen de votre épargne aura été de 5,7% contre 4,4% pour l’indice.
Au final, il est possible de diversifier ses actifs
(actions, obligations), les zones d’investissements et lisser dans le temps
(« time diversification »). Tout cela permet de réduire très drastiquement
le risque de son investissement et d’être plus serein.
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